Jean Baptiste PERROT

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Jean Baptiste naît au Vernet, dans la commune de Marsac-en-Livradois, le lundi 27 février 1893 de Benoît, cultivateur né au même endroit le 15 décembre 1863, et de Catherine Victorine VERNET, née à Saint-Bonnet-le-Chastel, le 24 septembre 1870. Jean Baptiste a au moins une sœur plus jeune, Emma Clémence Maria, née également au Vernet, le 4 octobre 1898. La famille arrive sur Echandelys entre 1906 et 1911 et habite au Mas.

Lors de sa visite d’incorporation en 1913, Jean Baptiste est agriculteur et mesure 1 m 67 et possède des cheveux châtains. Ses yeux sont orangé verdâtre. Son visage est long, avec un front découvert et un nez long et sinueux. Il est exempté pour faiblesse en 1913 ainsi que le 24 juin 1914 par la CS de Clermont-Ferrand. Mais le 13 octobre 1914, le conseil de révision de Clermont le déclare apte. Il est incorporé au 121e RI de Montluçon le 18 décembre 1914. Il est âgé de 21 ans. En raison de la période d’instruction nécessaire à toute nouvelle recrue, Jean Baptiste ne monte en ligne que le 6 juin 1915. Son régiment est dans la Somme, dans le secteur d’Andéchy et de l’Echelle, qui est assez actif, les coups de main se succédant de part et d’autre. L’organisation autour du château de l’Echelle est poussée, visant à décongestionner la première ligne. De multiples abris sont construits, nécessitant le portage de lourds rondins et de solides planches de ciel.

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Le 19 août, les travaux sont interrompus. Il faut pousser les lignes en avant en vue de la prochaine offensive. Bien qu’une grande partie des travaux soit effectués de nuit, les Allemands sont tendus et envoient moultes bombes et grenades. Début septembre, sur tout son front, le régiment est à 150 mètres des tranchées allemandes et on ouvre des sapes qui serviront d’amorce aux parallèles de départ. Le 19 septembre 1915, le régiment est relevé et cantonne à Gerbigny, Bus et Rollot. Il occupe ensuite pendant quelques jours le secteur de Tilloloy en vue d’une attaque qui sera décommandée à la dernière minute. A nouveau relevé, il cantonne à Pierrepont (à 8 km au nord de Montdidier), puis se retrouvé début octobre en ligne à la lisière du bois des Loges. Le secteur est calme et c’est avec regret que le 121e RI glisse à gauche pour aller sur Dancourt et Popincourt. C’est de nouveau la plaine monotone, se transformant en bourbier à la moindre averse, écroulant boyaux et tranchées. Début décembre 1915, le régiment est relevé et va cantonner au sud-est de Montdidier, puis dans l’Oise au camp de Crève-cœur jusqu’à la seconde quinzaine de janvier 1916. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, il monte occuper le secteur de la rive droite de l’Oise, au niveau de la ferme de l’Ecouvillon, la Carmoy, la ferme d’Attiche, la Poste François et Ribécourt. Le secteur est relativement calme et les soldats s’emploient à réaliser son organisation, loin d’être terminée. Mais en février 1916, les Allemands décident de saigner les forces de l’armée française en attaquant à Verdun. Après quelques jours de marche, le régiment est transporté en chemin de fer et se trouve rassemblé le 29 février dans la forêt de Hesse, près de la ferme de Verrières. Il bivouaque, à peine abrité de la neige par des huttes de branchage construites à la hâte. Le bombardement gronde jour et nuit. Du 8 au 20 mars 1916, le premier bataillon et une compagnie occupent les ouvrages de la cote 310 et se tiennent en liaison avec les unités sur le Mort-Homme. Ils organisent le secteur, creusant le sol, tendant des fils de fer barbelé sous les violents bombardements. Le 21 mars 1916, il est relevé et occupe le lendemain les ouvrages du sud-ouest d’Haucourt.

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Il subit une violente attaque pendant la relève et les unités qui défendent les ouvrages Vaucluse et Martin résistent, puis totalement submergés, complètement cernés et à cours de munitions succombent. Le 20 mars, les 2e et 3e bataillons contre-attaquent sur le bois d’Avocourt que les Allemands viennent d’enlever. Au soir, une partie du bois est reprise. Les pertes sont sérieuses sur les deux fronts et le 26 mars, le régiment est embarqué en camions pour Estrées-Saint-Denis où il se reconstitue.

A partir du 25 avril 1916, il remonte en ligne dans l’Oise, à Tracy-le-Val et Brimont. C’est une guerre de tranchées particulièrement pénible en raison de la proximité des ouvrages allemands.

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Les torpilles bouleversent quotidiennement boyaux et parallèles et les grenades font régulièrement des victimes. Malgré tout, le secteur est agréable, ombragé et peuplé de sources abondantes, fraîches et limpides. Les clairières sont de véritables champs de fraises qui améliorent le quotidien. Le régiment le quitte à partir du 28 juin. Après quelques jours de repos dans la région d’Estrées-Saint-Denis, le régiment remonte en ligne dans la nuit du 17 au 18 juillet 1916 dans le secteur au sud de Méharicourt, à Fouquescourt. Ce dernier est loin d’âtre aussi agréable que le secteur de Brimont. Il retrouve la vaste plaine de Santerre, la Somme, plate, brûlée par le soleil, qui se transforme en une étendue de boue à la moindre pluie. Le régiment creuse alors un parallèle à 300 mètres des tranchées ennemies. Facilement découver tl’ouvrage est quotidiennement bombardé. Une majeure partie du travail est à refaire. Relevé dans la nuit du 29 au 30 juillet 1916, il cantonne à Thory et exécute des exercices préparatoires à son attaque sur Fouquescourt. Il reprend l’organisation du secteur du 8 au 23 août. Début septembre, il est enlevé en camions et part dans le secteur de Lihons. Il doit participer à l’attaque préparatoire qui doit enlever le bourg de Chaulnes, important nœud de chemin de fer. Les 2 et 3 septembre, il parfait les travaux préparatoires. La préparation d’artillerie a commencé. Le 4 à 9 heures, les 1e et 2e bataillons prennent position dans les parallèles de départ. Le bombardement allemand occasionne alors des pertes sensibles. L’attaque débute à 14 heures, sous un feu ennemi nourri.

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Bois triangulaire vu depuis la grille du château de Chaulnes.

 Après avoir franchi les premières lignes allemandes, les premiers éléments français atteignent le bois Triangulaire. L’avance est si rapide que les nettoyeurs de tranchée n’ont pas eu le temps de faire leur travail et que des Allemands, sortant d’abris enterrés à 14 mètres, tirent dans le dos des troupes françaises. Les lance-flammes français entrent en action. 300 soldats allemands sont toutefois faits prisonnier et un important matériel est récupéré. Jean Baptiste est blessé par balle au côté gauche lors de cette journée. Le lendemain, il est évacué sur l’ambulance 10/23. Nous ne savons combien de temps il a été absent mais il semble être rapidement remonté en ligne. Dans la nuit du 5 au 6, l’ordre est donné de reprendre l’attaque en s’installant à la croisée de la route Chaulnes-Lihons et de la tranchée des Sélénites. Cette dernière est rapidement prise. Seul, un groupe résiste sur la Demi-Lune pendant quelques heures, situé au point de jonction avec le 92e RI (de Clermont-Ferrand). Jusqu’au 15 septembre, le régiment reste en ligne, organisant le terrain malgré les bombardements ininterrompus. Il a eu pendant cette période 179 tués et 555 blessés. Après un repos de courte durés au camp du bois des Ballons, Il remonte sur Chaulnes que le 105e RI vient de prendre. Il y organise le terrain. Le 10 octobre, il prête son concours au 208e RI chargé de prendre la tranchée de Sicile, de Toscane, du Héron et les bois au nord de Chaulnes. La 6e compagnie perd la vie à la tranchée du Héron lors d’une contre-attaque allemande qui sera elle-même bousculée quelques jours plus tard. Tous les corps des soldats français y seront retrouvés. Le 20 octobre 1916, le 121e RI est relevé et cantonne à Hangest-en-Santerre. Pendant cette période, 73 soldats sont morts et 144 blessés. Après un court séjour à l’arrière, il remonte en ligne dans le même secteur de Lihons et Chaulnes. Il reprend le travail d’organisation au niveau des tranchées du Héron et du Sagouin. Les pluies incessantes ont rendu le terrain impraticable, tranchées et boyaux s’effondrent de toutes parts, le maintien des communications devient un problème presque insoluble. Le matériel nécessaire, caillebotis, fascines, claies, piquets, bois d’abris, ne peut arriver que jusqu’à Lihons. Pour l’amener en ligne, c’est un parcours des plus de trois kilomètres, par des boyaux inondés, dans la boue jusqu’à mi-cuisse et à travers une région constamment bombardée. Quelle formidable somme d’efforts doivent donner les hommes ! Couverts de vermine, manquant d’eau pour les soins de propreté corporelle, sur les chantiers de jour comme de nuit, sans cesse marmités, ils travaillent sans se plaindre, toujours ardents à la besogne, avec l’âpre volonté de vaincre toutes les difficultés qui se présentent. Existence plus dure que la bataille elle-même, avec le danger sans cesse présent et l’obligation de recevoir les coups sans les rendre. (Historique du 121e RI). A partir du 8 novembre, les infanteries cessent leurs actions, mais les artilleries restent très actives. Ramené à l’arrière le 30 novembre, il gagne par étapes Nanteuil-le-Haudouin et s’embarque en train pour le camp de Neufchâteau. Les étapes se font par un froid vif. Pendant plusieurs semaines, il y est à l’instruction en vue des offensives de printemps. Du 17 janvier au 23, il se dirige par chemin de fer, puis par camions en face de Thiescourt et la Chapelle-Saint-Aubin, dans l’Oise. Le secteur est très calme, mais il faut l’organiser. Le froid intense, autour de –15° impose de dynamiter le sol gelé avant de pouvoir travailler.

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Le régiment presque en entier est installé dans l’immense carrière Martin, profonde de 500 mètres, creusée dans le tuf, froide et humide. L’activité allemande se ralenti progressivement considérablement. Il semble que des préparatifs de repli allemand se préparent. Aussi, les soldats multiplient les coups de main afin de faire des prisonniers et d’en obtenir des renseignements. Le 15 mars, les premières lignes allemandes sont inoccupées. Les 16 et 17, les troupes françaises avancent sans rencontrer l’ennemi. Le 18, elles franchissent la Divette et atteignent Noyon. Après avoir délogé l’arrière-garde allemande du mont Saint-Siméon, le 121e RI revient sur Noyon où il laisse passer les troupes de la 61e DI. Jusqu’au 31 mars, il répare les routes mises à mal par les Allemands autour de Béhéricourt. Puis il repart vers l’est pour atteindre les abords de Saint-Quentin. Le spectacle est une vraie désolation. Toutes les maisons et les usines ont été systématiquement détruites, de même que tous les instruments agricoles. Les arbres sont tous sciés à un mètre du sol. Des pierres et du fumier ont été jeté dans les puits. Le 2 avril 1917, le régiment cantonne sur ce qui reste de Flavy-le-Martel.

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Le 5 avril, il relève le 92e RI dans le secteur de Grugies. Il y commence des travaux préparatoires à l’attaque de la ligne Hindenburg. Il doit enlever les positions allemandes entre le saillant du moulin de Touvent et la ferme du Pire-Aller. Celle-ce débute le 13 avril 1917 à 5 heures. Mais le réseau de fils de fer barbelé est intact. Le franchir entraîne des pertes très sévères mais les soldats arrivent à prendre pied dans la première ligne de tranchées du réseau Hindenburg, s’enfonçant parfois de 300 mètres. Deux contre-attaques allemandes sont repoussées. Une nouvelle attaque, réalisée à 18 heures ne peut progresser. La nuit est employée à organiser et retourner les infrastructures conquises. Le régiment est relevé dans la nuit du 15 au 16 avril et cantonne à Séraucourt. Il a perdu 418 hommes. Il se reconstitue à Ham puis à Guiscard et repart le 14 mai pour Savy, à l’ouest de Saint-Quentin. Le secteur est calme mais les première lignes, très en vue de la cathédrale, ne peuvent être creusées que de nuit. Le 15 juillet, le travail d’organisation est terminé. Il part alors le 16 pour le camp de Saint-Ouen où il prépare les opérations projetées dans la région nord de Verdun. Le 8 août 1917, il part en camion pour Autrécourt et Ville-sur-Couzances. A partir du 10, les officiers font des reconnaissances sur le futur terrain d’attaque situé au nord d’Esnes, sur le plateau Pommérieux et les pentes sud de la cote 304. Dans la nuit du 13 au 14, le régiment se porte dans le bois de Béthelainville et monte progressivement en ligne. La situation est très pénible ; les bombardements par obus à l’ypérite sont continus et très nourris pendant toute la durée des nuits. L’ennemi s’attend à une attaque et réagit violemment par ses tirs de contre-préparation ; les pertes sont déjà sensibles. Les tranchées et boyaux n’existent pour ainsi dire plus ; l’aspect du terrain est chaotique, ce ne sont que trous d’obus jointifs, que les pluies des jours précédents ont à moitié remplis d’eau. Au loin, dominant tout l’horizon, se profile la hauteur du Montfaucon, belvédère célèbre, d’où les observateurs ennemis aperçoivent tous les moindres détails du terrain d’attaque. Dans ce paysage lunaire, pas un point de repère, pas un arbre, pas une route, pas un sentier. Il faudra se diriger à la boussole pour arriver exactement sur les objectifs assignés. (Historique du 121e RI).

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Encadré à gauche par le 92e RI de Clermont-Ferrand, le régiment doit traverser le plateau de Pommérieux et la partie ouest du mouvement de la cote 304 de façon à atteindre les pentes nord et l’éperon du bois Camard.

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Dans la nuit du 19 au 20, les deux bataillons d’attaque prennent leur position. Il n’y a pas de parallèle de départ et on s’aligne perpendiculairement à la direction d’attaque, à la boussole, en attendant tapis dans des trous d’obus. Le bataillon de réserve quitte le camp de Béthelainville pour s’établir derrière les deux bataillons de première ligne en traversant un terrain infesté de nappes d’ypérite, rendant obligatoire le port du masque, ce qui rend la marche particulièrement pénible. A 4 h 40, l’assaut est donné. Les vagues d’assaut traversent le tir de barrage allemand, ce qui provoque des erreurs de direction de quelques colonnes. Les soldats marchent dans une fumée épaisse, sans autre guide que la boussole. Les soldats français enlèvent les tranchées Dorothée puis Brocart. Le second bond est rendu difficile par des mitrailleuses allemandes situées dans la région du Bec de Canard et de la tranchée Gertrude. L’aviation signale la préparation d’une contre-attaque allemande. Celle-ci fixe l’avancée française, mais presque tous les objectifs assignés sont conquis, au prix de 128 morts et 452 blessés. Les prisonniers s’élèvent à plus de 200 et des mitrailleuses sont prises. Les 21, 22 et 23 août 1917, les positions conquises sont organisées et le 1er bataillon continue à progresser de quelques centaines de mètres. Le 24, l’attaque est reprise et, cette fois, la cote 304 attaquée de front, est définitivement enlevée.

Le terrain conquis est jonché de cadavres allemands, il y en a des centaines, les nettoyeurs des abris des pentes du bois Camard et de la Botte ont rudement travaillé ; les cadavres empilés à l’intérieur témoignent de leur ardeur à la besogne. (Historique du 121e RI). Le régiment est relevé dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1917. Sa conduite au combat lui vaut une citation à l’ordre de l’armée.

Transporté en camions, il tient le secteur de Vauquois entre l’Aire et le Mont des Allieux. Le secteur, dans l’ensemble tranquille même s’il essuie quelques bombardements de harcèlement 2 à 3 fois par jours, porte les stigmates de la guerre des mines qui continue à s’y dérouler : au sommet du piton, une vaste faille aux parois abruptes, produite par l’explosion successive de formidables fourneaux de mines, constitue une sorte de précipice où est enseveli le village de Vauquois dont il ne reste plus trace. Les postes allemands sont sur la lèvre nord, les nôtres sur la lèvre sud, le précipice infranchissable les sépare. Tous les matins, une détonation sourde fait trembler la terre jusqu’à plusieurs kilomètres : c’est un camouflet qui joue, à une profondeur considérable, donné tour à tour par chacun des adversaires, acharnés à cette guerre de taupes. Elle nécessite de grandes précautions et d’importants travaux auxquels les hommes du régiment sont largement conviés. (Historique du 121e RI).

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Le 3e bataillon, au repos alternativement pour 10 jours à l’arrière, est chargé de fabriquer claies et fascines afin de retenir la terre friable de l’Argonne, si l’on veut que les boyaux tiennent. Vers le 15 octobre 1917, les bombardements ennemis deviennent très violents, exécutés par des obus à l’ypérite dans le secteur de la Buanthe. Le 27 décembre, le régiment va au repos entre Laheycourt et Revigny. Il y reste un mois et les conditions seraient parfaites si les toits ajourés et les lézardes des murs en pisé ne laissaient passer la bise. Le 3 février 1918, le 121e RI embarque à nouveau pour Verdun.

L’existence y est si rude, l’atmosphère si empestées par les obus toxiques et principalement par l’ypérite, les coups de main de l’ennemi si fréquents et si violents, les bombardements si sévères, qu’il n’est pas possible de laisser les divisions plus de quarante à quarante-cinq jours dans ce redoutable secteur de Bezonvaux. […] Dès l’arrivée, tous sont frappés par l’aspect de désolation de cette région nord de Verdun. Quel inoubliable spectacle ! Quelle impression de ruine, de dévastation, d’anéantissement de toutes choses ! Des belles forêts qui couvraient la contrée, pas une trace ne reste, sauf de-ci de-là, quelques troncs d’arbres calcinés et tordus, lamentables et noirs, dont le plus haut n’atteint pas 1 mètre. Le terrain est bouleversé, d’un aspect général jaunâtre ; il est couvert de cratères jointifs, si nombreux, si serrés, qu’il est impossible de découvrir la moindre place qui n’est pas été affouillée par un obus. Qui dira cet aspect terrifiant de désolation et de mort de ces ravins de Vaux, du Helly, du Bazile, de la Fausse Côte, de la Caillette, du Fond du Loup, du Fond des Rousses, des pentes d’Hassoule et du plateau d’Hardaumont ? Ce sont partout des débris de toute sorte, fils de fer tordus et enchevêtrés, obus et grenades non éclatés et surtout une quantités d’ossements humains, de squelettes entiers, éparés un peu partout et si nombreux qu’on ne peut creuser un boyau ou une tranchée sans en déterrer quelqu’un. Beaucoup de tués ont été enterrés à même le parapet, peu profondément par manque de temps ; l’érosion produite par les pluies les a peu à peu découverts. Des pieds avec des restants de souliers, ou le squelette d’une main, sortent de la paroi, semblant vouloir vous arrêter au passage pour mendier une sépulture ! Vision macabre qui fait concevoir tout l’acharnement de la lutte gigantesque qui s’est déroulée pendant de si long mois sur cette rive droite de la Meuse. (Historique du 121e RI).

Le secteur d’Hassoule dévolu au régiment est particulièrement dur. Surveillé par les observatoires ennemis de la plaine de la Woëvre et des jumelles d’Orne, les déplacements ne se font que de nuit, à travers un terrain chaotique, systématiquement battu au canon et à la mitrailleuse, et à travers des ravins dont l’ypérite est méthodiquement approvisionnée par les Allemands. A Bezonvaux où il ne reste que quelques pierres, les sections de garde, terrées dans les caves à moitié remplies d’eau, ne peuvent sortir de jour. Les coups de main allemands y sont quotidiens et toujours couronnés de succès. En raison du peu de distance séparant les adversaires, l’artillerie française est inefficace lors de ces coups de main. Le commandant du régiment fait alors régler le tir de toutes les mitrailleuses de l’arrière sur le no man’s land avec ordre de tirer dès qu’un tir de barrage est demandé à l’artillerie. Cette disposition est largement couronnée de succès, les Allemands ne pouvant alors atteindre les premières lignes françaises.

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Dans la nuit du 24 au 25 février 1918, le régiment passe au secteur d’Hardaumont, contigu au sud. Ce dernier est, en comparaison du secteur précédant, vraiment reposant. Faisant face à l’est, dominant la plaine de la Woëvre, sur laquelle il a des vues très étendues, il se prête à une défense facile en cas d’une attaque que l’éloignement des positions ennemies et la difficulté d’aborder les pentes des Hauts de Meuse rendent tout à fait improbable. Les bombardements sont peu sévères et le travail entrepris pour achever l’organisation défensive est facile. A partir du 15 mars, le bombardement ennemie augmente entre la rive droite de la Meuse et Bezonvaux. Le lendemain, les Allemands, après un intense bombardement et un important marmitage par torpilles sur tout le secteur d’Hassoule, alors tenu par le régiment « frère », le 92e RI, attaque, entraînant des pertes sévères au 92e RI. C’était en fait une manœuvre de diversion, les Allemands attaquant alors sur Saint-Quentin. Le 121e RI reprend le secteur d’ Hassoule à partir du 28 mars. Les Allemands, qui désirent maintenir nos forces sur le front de Verdun, cherchent à nous tenir sous la menace d’une attaque et intensifient leurs bombardements qui contiennent une forte proportion d’obus toxiques, sur tout le secteur dès début avril. La carrière d’Alsace est particulièrement prise à partie par les obus de 210 à l’ypérite. Malgré toutes les précautions prises, le nombre des intoxiqués est considérable. Le 14 avril 1918, pour une raison inconnue, Jean Baptiste est considéré comme à l’arrière comptant double et hospitalisé à l’hôpital complémentaire n°39 de Mesgrigny (baraques en planches) jusqu’au 22 mai, avec une période de convalescence de 10 jours consécutive.

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Sans autre renseignement, on peut considéré qu’il a été soit malade, soit blessé, soit intoxiqué à cette période. Il ne remonte aux armées que le 22 mai 1918. Il rejoint son régiment au camp de Saint-Ouen où il prépara de futures actions au nord de Verdun. Mais le premier août 1918, il passe au 92e RI et est détaché comme agriculteur jusqu’au 31 août 1919. Le 3 septembre, il est démobilisé et se retire à Echandelys. Toutes les visites médicales ultérieures, en 1922, 1924 et 1926 le proposent pour une pension temporaire puis permanente de 10% pour séquelles de séton de la région dorsale supérieure gauche et séquelles très légères d’entorse tibiotarsienne droite. Il déménage successivement dans la Somme en 1923, en Normandie en 1924, année où il revient habiter à Usson. Marié à Usson en 1921 avec Alice AMOUSON, il est père de 2 enfants en 1939. Son père décède à Usson en 1947, lui-même en 1980.

 

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